Dire de Francis Kleynjans qu'il est un compositeur extrêmement prolifique et un guitariste de talent est un pléonasme. L'oeuvre proposée ici, en ré mineur, pour guitare et quatuor à cordes, en est un bon exemple. sïl en fallait...! L'introduction lente et libre du guitariste solitaire offre ici un sentiment de liberté et de tendresse infinie, où le titre ,«Songe» est bien plus qu'évocateur. Serait-ce d'une tristesse inconsolable qu'il s'agit? Ecrite de main de maître, la partie de quatuor n'accompagne pas uniquement la guitare mais la magnifie et s'exprime parfois sans elle. L'harmonie, toujours naturelle chez ce compositeur, tout comme la mélodie, se joue de la «verticalité» pour atteindre en une écriture simple et raffinée, l'horizontalité et l'indépendance de chacune des voix. Plusieurs mouvements constituent cette oeuvre d'une sincérité touchante, sonnant comme autant d'états d'âme. Sans être d'une grande difficulté technique, elle requiert des interprètes une sérieuse connaissance des possibilités dynamiques, sonores et expressives de la guitare. J'ai toujours, à titre personnel, placé la poésie au dessus de tout, même de la musique - que je ne conçois pas sans elle. Or ici, Francis Kleynjans a écrit un beau poème...
(Carlos Marin, Les cahiers de la guitare, 3e trimestre 2002)
