Cette oeuvre bipartite est introduite par un lento joliment intitulé ivresse des profondeurs. On sait l'attirance que la mer exerce sur ce compositeur français : on trouvera dans ces pages l'évocation d'un monde fluide atonal, initié par un seul harmonique tenu, puis une méditation faite de collages qui rappellent parfois des horizons d'Orient : notes répétées, formules cadentielles typées, accords balayés, fragments polyphoniques remontés du passé, sons déformés, dans un discours d'où émerge une couleur personnelle, propre à ce rêveur d'étendues marines. C'est ainsi que vous déboucherez sur l'Ostinato (1) à la langue dense - écriture comme technique - faite de cordes arrachées qui scandent une formule répétitive très prégnante. Si des traits de flamenco fusent, ce n'est que pour servir un language plutôt proche de musiques ancrées au Nord... Mais aucune étiquette ne peut s'apposer vraiment sur ce discours vivant, de couleur atonale, au développement qui rappelle le rondo mais dans une forme moderne d'obsession (PrIx Viareggio 2000).
(Danielle Ribouillault, Les cahiers de la guitare, 3e trimestre 2002)
