Sonate opus 27, no 2

Eugène Ysaÿe (1858-1931) composa cinq sonates pour violon en 1923, constituant son opus 27. L'arrangement pour guitare de quatre d'entre elles (no 1, 2, 4, 5) est réalisé par Bjarne Kristensen qui ainsi fait connaître la musique d'Ysaÿe à un public plus nombreux tout en élargissant le répertoire de cette époque pour notre instrument. Chacune de ces sonates est éditée séparément. L'écriture se prête à une adaptation à la guitare, le compositeur ayant noté de nombreux passages polyphoniques utilisant une harmonie très imaginative. Dans la première et la dernière sonate, la sixième corde est en ré et la cinquième en sol. Les doigtés figurent sur l'ensemble des pièces. Chacune fut dédiée à un violoniste. La première, à Joseph Szigeti, est de loin la plus complexe techniquement: reprenant la forme d'une sonate de Bach en quatre mouvements. Ysaÿe y dévoile les éléments qui seront déclinés en sortes de variations. La deuxième, plus simple, dédiée à Jacques Thibaud, est également constituée de quatre petits mouvements: Ysaÿe y emploie beaucoup d'arpèges sur un rythme récurrent de doubles-croches. Dans Danse et ombre, une Sarabande très courte sera variée de six façons différentes. Ysaÿe y fait également référence au Dies Irae et à quelques techniques d'écriture dans le style de Bach. La quatrième, dédiée à Fritz Kreisler, est constituée de deux danses (Allemande et Sarabande) et d'un final. Bien que simple harmaniquement, elle est assez délicate techniquement tant elle est mélodique et mélancolique. La dernière sonate, dédiée à Mathieu Crickboom, est constituée de deux mouvements (L'Aurore et Danse rustique), et clôt cet opus 27 par une grande virtuosité, dont un trait de dix-neuf quintuples croches! Aurons nous bientôt la chance de découvrir l'adaptation pour guitare de la troisième sonate?
(Vincent Le Gall, Les cahiers de la guitare, 4e trimestre 20002)